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Sécheresse – visite du préfet de région sur une exploitation agricole impactée par le phénomène

Mise à jour : 01 août 2019

La sécheresse s’installe sur une grande partie de la région Hauts-de-France et les préfets de département (excepté l’Aisne) ont pris des mesures de restrictions d’eau afin d’alerter sur la sensibilité de la ressource et de prescrire aux usagers (particuliers, industriels, agriculteurs, collectivités) une utilisation économe. Les services de l’État sont pleinement mobilisés pour faire respecter ces dispositions.

Dans ce contexte, Michel Lalande, préfet de la région Hauts-de-France, préfet du Nord, s’est rendu sur l’exploitation agricole gérée par Christine Delefortrie, à Bousbecque (Nord) impactée par la sécheresse, ce jeudi 1er août, accompagné de représentants de la profession agricole et des services de l’État (direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt – DRAAFdirection régionale de l'alimentation de l'agriculture et de la forêt – direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement – DREALdirection régionale de l'environnement de l'aménagement et du logement – direction départementale des territoires et de la mer du Nord – DDTMDirection départementale des territoires de la mer)

L’occasion de faire le point sur la situation hydrique et de rappeler les mesures de restriction et l’action de l’État (contrôles, accompagnement) dans le cadre d’un échange avec les représentants de la profession agricole.

État de la sécheresse en Hauts-de-France

La région des Hauts-de-France a connu une année hydrologique 2016-2017 exceptionnelle, ayant conduit à une sécheresse sévère, parfois comparable à celle de l’été 1976. 2017-2018 a été une année médiocre en termes de recharge des nappes avec de surcroît plusieurs mois d’été et d’automne ayant conduit à une sécheresse des sols très prononcée. L’année 2019 a été une année, à nouveau,

- de faible recharge des nappes souterraines pendant l’hiver ;

- de faible pluviométrie (-15 % sur les 10 derniers mois, mais -50 % pour le seul mois de juillet) ;

- de fortes chaleurs aux printemps et en été, accentuant les problèmes d’évaporation et de sécheresse des sols. Ce qui impose aux agriculteurs irrigants des prélèvements supérieurs à une année normale pour garantir les récoltes.

Les secteurs les plus touchés en termes de déficit pluviométrique sont le nord-ouest du Pas-de-Calais, l’ouest du département du Nord, et la partie centrale du département de la Somme. Cependant, les secteurs touchés par la sécheresse sont déterminés par la situation des nappes phréatiques lorsque la ressource est essentiellement souterraine ou par la situation des cours d’eau, lorsque les prélèvements en eau se font en surface.

Les eaux souterraines sont actuellement à des niveaux bas, tous les départements ont des piézomètres dont le niveau dépasse au moins le seuil de vigilance.

Plusieurs cours d’eau de la région ont franchi les seuils sécheresse ce qui a eu pour conséquence la prise d’arrêtés imposant des mesures de restriction.

Ainsi à l’échelle de la région, les mesures de restriction prises pour préserver la ressource en eau par département sont les suivantes :

- Nord : 1 bassin versant en alerte renforcée sécheresse, 4 en alerte sécheresse et 1 en vigilance sécheresse ;

- Oise :1 bassin versant atteignant le seuil de crise, 1 en alerte renforcée, 1 en alerte, et 7 en vigilance ;

- Pas-de-Calais : 5 bassins versants en alerte sécheresse et 2 en vigilance sécheresse.

En quoi consistent les mesures de restriction ? Retrouvez le détail en cliquant sur ce lien : http://www.nord.gouv.fr/Politiques-publiques/Environnement/Eau/Secheresse/Alerte-secheresse-dans-le-Nord-le-bassin-versant-de-l-Yser-passe-en-alerte-secheresse-renforcee

Un plan de mobilisation pour accompagner et aider le monde agricole

L'exploitation Delefortrie est constituée de 70 hectares de cultures (pommes de terre, petits pois, betteraves), de 35 hectares de prairies et de 80 vaches laitières qui produisent 800 000 litres de lait essentiellement pour Danone. Les propriétaires ont perçu les effets de la période caniculaire sur leurs productions et notamment sur le taux protéïque de lait produit par leurs vaches. Ce taux largement en baisse engendre une baisse de 25 cents sur le prix du litre soit environ 500 euros par mois et sans garantie qu'il puisse augmenter dans les prochains mois. De nombreux éleveurs songent à investir dans des équipements permettant de garantir le bien-être animal en cas de fortes chaleurs (brumisateurs, ventilateurs...).

Michel Lalande a rappelé, face aux agriculteurs, que la gestion de la crise caniculaire avait permis de mettre en exergue les difficultés et risques encourus et notamment les incendies ou les conséquences sur les animaux d'élevage. Il souhaite, par conséquent, définir des voies d'actions nouvelles qui permettraient d'anticiper et de gérer au mieux ces épisodes qui risquent, à moyen terme, d'être de plus en plus nombreux. Ces voies d'action nouvelle doivent nécessairement être corrélées à une meilleure gestion de la ressource en eau par l'ensemble des usagers.

Enfin, la DRAAFdirection régionale de l'alimentation de l'agriculture et de la forêt a précisé que, depuis deux semaines, 112 contrôles avaient été effectués pour quasiment aucune infraction constatée, signe de l'engagement des agriculteurs pour le respect des mesures prescrites par le préfet pour la préservation de l'eau. Ont également été rappelées, l'ensemble des aides dont les agriculteurs peuvent bénéficier en cas d'impact de la sécheresse sur leur chiffre d'affaire :

- les aides pour répondre à la crise : avances de la PACPolitique agricole commune portées à 70% (contre 50% actuellement), la déclaration de calamité agricole pour le remboursement d'un pourcentage des pertes enregistrées ;

- les aides pour faciliter la transition notamment écologique.

Par ailleurs, le Gouvernement a présenté, le 26 juin dernier, un plan de mobilisation pour accompagner et aider le monde agricole. Et, le 29 juillet, le ministère de l’Agriculture a élargi aux départements de l’Oise et de la Somme, la dérogation, pour cas de force majeure, afin de permettre aux éleveurs concernés par un manque de fourrage de valoriser leurs jachères.