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Tribune de Michel Cadot, préfet de région, préfet de Paris sur le logement

Mise à jour : 04 décembre 2019

« Société civile, collectivités, État : la lutte contre le sans-abrisme doit être menée tous ensemble ! »

En Île-de-France, les inégalités sont d’autant plus frappantes, que l’extrême pauvreté et la richesse se côtoient au quotidien. Produisant plus d’un quart de la richesse nationale, l’Île-de-France est la vitrine économique, culturelle et politique du pays mais elle est aussi la région française qui concentre le plus d’appels au 115.

Le gouvernement a fait de la lutte contre l’extrême pauvreté une priorité qui s’est traduite très concrètement, en Ile-de-France, par l’ouverture de 20 000 places d’hébergement d’urgence supplémentaires en 3 ans, soit l’équivalent de la population d’une ville comme Sceaux. C’est un effort sans précédent, que l’État poursuit sans relâche.

Pour être en mesure de proposer une solution d’hébergement à chaque personne qui en a besoin, nous devons collectivement faire preuve d’audace et d’imagination, le marché du foncier et l’offre de logements étant comme chacun sait, particulièrement tendus en Ile-de-France, notamment à Paris et en petite couronne.

Parmi les moyens permettant de créer des capacités d’hébergement d’urgence supplémentaires, figure une solution innovante et qui a déjà fait ses preuves : l’habitat intercalaire. Il s’agit de mettre des bâtiments ou des terrains inoccupés à disposition d’une association financée par l’État pour une durée limitée afin qu’elle puisse y accueillir des personnes en détresse sociale.

 En Île-de-France, de nombreuses parcelles foncières pourraient aujourd’hui être concernées en raison de la multiplicité des chantiers de construction ou de rénovation qui voient le jour dans le cadre d’opérations de renouvellement urbain, de construction des quartiers de gare du Grand Paris Express ou de la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.

Cette méthode solidaire est fondée sur un accord « gagnant-gagnant » puisqu’elle permet au propriétaire de valoriser son bien pendant le temps où il est inoccupé et d’éviter ainsi qu’il soit illicitement « squatté », tout en étant certain de pouvoir le récupérer à la date qui a été convenue avec l’État.

L’habitat intercalaire a d’ores et déjà permis à de beaux projets solidaires de voir le jour en Île-de-France. Très prisé par les parisiens, le projet des « Grands voisins » permet, par exemple, de mobiliser les locaux de l’ancien hôpital Saint-Vincent de Paul pour en faire un lieu inédit de culture, d’entreprenariat et d’hébergement de personnes sans-abri. J’ai ouvert, selon la même méthode, un centre d’accueil et d’insertion pour des réfugiés dans le XIIe arrondissement dans des locaux qui étaient auparavant utilisés pour des activités de fret et de transport.

Dans cette dynamique de construction d’une région plus fraternelle, l’État est en première ligne mais il ne peut pas agir seul. Aussi, j’appelle tous les élus, bailleurs et aménageurs privés et publics franciliens à nous rejoindre pour qu’essaiment, dans toute l’Île-de-France, de nouveaux projets solidaires et innovants, qui nous permettront, demain, de remporter de nouvelles victoires contre l’extrême pauvreté.  

Michel Cadot, préfet de la région d’Ile-de-France, préfet de Paris