Histoire de la Normandie

Mise à jour : 18 novembre 2015

De l'invasion des Vikings à nos jours, revivez l'histoire de la Normandie.

Naissance de la Normandie ducale...

Vers l’an 800, les premières invasions "normandes" ont lieu sur le Royaume de France. En 841, des incendies sont déclenchés dans de nombreux monuments religieux comme les abbayes Saint-Ouen de Rouen (fondée vers 553) et celle de Jumièges (fondée vers 654).

En 911, le roi carolingien Charles III de France, dit Charles le Simple et le chef viking Hrolf dit ‘Rollon’ signent le traité de Saint-Clair sur Epte. Cet accord est principalement conclu pour mettre fin aux hostilités (pillages et invasions des Scandinaves), accordant l’implantation des Normands en Neustrie. En retour, Rollon doit assurer la protection des territoires entre la Mer et l’Epte, avec notamment des emplacements stratégiques comme l’estuaire de la Seine et la ville de Rouen. Rollon fonde ainsi le Duché de Normandie.

Il se convertit en 912 à la religion chrétienne sous le nom de Robert, conformément à l’accord conclu lors du traité.

En 924, le Roi Raoul de France cède le Bessin à Rollon.

En 933, la Normandie s’agrandit avec l’annexe de l’Avranchin, du Cotentin et des îles Anglo-Normandes par Guillaume Longue Épée, fils de Rollon. Un territoire occupé jusqu’ici par les Bretons. Par la suite, Robert le Magnifique y ajoutera le Vexin Français.

Les Normands firent de la région une contrée prospère et finirent par s’assagir en entreprenant notamment la reconstruction des sites religieux dévastés par leurs actes : Jumièges, Saint-Wandrille, Rouen, Cerisy...


Descendant de la lignée de Rollon, fils illégitime de Robert le Magnifique et d’Arlette Vertpré, Guillaume II de Normandie voit le jour à Falaise en 1027. Avant de partir pour sa croisade en 1035, Robert le présente comme son héritier. La même année, seulement âgé de 8 ans, "Guillaume le bâtard" devient Duc de Normandie, suite à la mort de son père, survenue sur le chemin du retour en Terre Sainte.

En 1050, Guillaume épouse Mathilde de Flandre et fait de la Normandie un duché si puissant qu’il provoque la crainte du Roi de France. Et pour cause, il sera, durant de longues saisons, le duché le mieux organisé des États d’occidents.

En 1066, après sa victoire dans la bataille d’Hastings, Guillaume s’empare de la couronne d’Angleterre. Il devient Guillaume Le Conquérant.

Il meurt à Rouen le 9 septembre 1087 à l’âge de 60 ans. Sa défunte femme, Mathilde, reposant à l’Abbaye aux Dames depuis 1083, il se fait inhumer dans l’Abbaye aux Hommes à Caen, conformément à sa volonté. Le tombeau de Guillaume le Conquérant est placé au milieu du chœur dans l’Abbaye aux Hommes. Profanée et détruite à plusieurs reprises, son actuelle pierre tombale date de 1802.

On peut y lire les inscriptions suivantes :

HIC SEPULTUS EST INVICTISSIMUS GUILLELMUS CONQUESTOR

NORMANNIÆ DUX ET ANGLIÆ REX

Ici repose l’invincible Guillaume Le Conquérant, duc de Normandie et Roi d’Angleterre,
fondateur de cette maison, qui mourut l’année 1087


Le 26 septembre 1106, à l'issue de la bataille de Tinchebray, le duc Robert Courteheuse, fils héritier de Guillaume le Conquérant, est fait prisonnier par les soldats du Roi d’Angleterre Henri 1er Beauclerc, plus jeune fils du Conquérant. Le duché de Normandie est ainsi rattaché au Royaume d’Angleterre.

Le 8 septembre 1157, naquit Richard 1er d’Angleterre dit Richard Cœur de Lion, à Oxford (Angleterre). En 1189, après la mort de son père Henri II Plantagenêt, il hérite du trône d’Angleterre et devient également Duc de Normandie.

Dès 1191, le Roi de France, Philippe Auguste, jusque-là allié de la Couronne Anglaise, profite de l’absence de Richard Cœur de Lion pendant son voyage en Terre sainte, pour entreprendre la reconquête de la Normandie.

Le 6 avril 1199, Richard meurt après onze jour de blessure lors du siège du Château de Châlus. Son frère cadet, Jean Sans Terre, lui succède sur le trône d’Angleterre en 1199 et devient à son tour Duc de Normandie à Rouen.

Le 6 mars 1204, la Normandie redevient définitivement française suite à la prise de Château-Gaillard (des Andelys) par les armées de Philippe Auguste. Le 21 mai, la ville de Caen tombe aux mains des Français. Rouen est reprise le 24 juin 1204 par les troupes françaises.

Ces victoires mettent un terme à l’aventure anglo-normande qui dura près de 150 ans. Seules les îles anglo-normandes Jersey et Guernesey resteront sous la souveraineté de la couronne d’Angleterre.


Durant tout le Moyen-Age et l’Ancien Régime, la Normandie dispose d’une organisation et d’institutions spécifiques reconnues par le pouvoir royal. La Cour et les premières institutions sont itinérantes. Ainsi plusieurs villes disposent d’un château ducal (Rouen, Caen, Fécamp).

Pendant la Guerre de Cent Ans(1337-1453), la Normandie était au centre d’un véritable enjeu entre le roi de France et le roi d’Angleterre, par son passé historiquement partagé entre les deux couronnes.

La guerre débute et le roi Philippe VI demande aux Normands de lui fournir marins et bateaux, Rouen demeure être le seul chantier naval qui puisse construire des navires de guerre.

Cette flotte française sombre face à l’armée anglaise lors de la bataille de l’Écluse, près de Bruges en 1340.

Charles II de Navarre, dit « Charles le Mauvais, un puissant seigneur né à Évreux, déclenche la guerre civile entre les Normands.

En 1420, le traité de Troyes prévoit qu’après la mort du roi de France, Charles VI, sa succession soit effectuée par son beau-fils, le roi Henri V d’Angleterre. Cependant, la succession prévue n’aura pas lieu puisque le roi d’Angleterre meurt avant son homologue français lors de l’année 1422.

Le 21 octobre 1422, après la mort de Charles VI, son fils Charles VII, devient le nouveau roi de France. Le nouveau souverain entreprend de reconquérir le pays et pardonne les Normands qui ont collaborés avec l’Angleterre.

Faite prisonnière par les Bourguignons à Compiègne, Jeanne d’Arc a été conduite à Rouen pour être jugée par un tribunal présidé par l’évêque de Beauvais Pierre Cauchon, partisan des anglais. La première séance s’est tenue à la Chapelle Royale du Château de Rouen, le 21 février 1431. Elle a été brûlée vive le 30 mai 1431, sur la place du Vieux-Marché à Rouen.


Suite à la guerre de Cent Ans (1337-1453), la Normandie connaît une période prospère. En 1466, le duché de Normandie est partagé en bailliages (entités territoriales), puis subdivisé en vicomtés, lesquels seront seulement supprimés en 1744.

En 1469, le roi de France Louis XI met fin au titre de Duc de Normandie.

La ville du Havre et son port sont officiellement fondés par le roi François 1er en 1517.

En 1542, la Normandie est divisée en 2 généralités : celle de Rouen et celle de Caen. Puis, viendra s’ajouter la généralité d’Alençon en 1636. Les trois généralités normandes prendront fin lors de la création des départements en 1790.

Durant le XVIe siècle, la Normandie devient la province la plus protestante au nord du royaume. Des temples sont construits à Rouen, Saint-Lô, Le Havre, Caen, Coutances, Dieppe... Des tensions entre communautés se concrétisent par la guerre en 1562. Après ses victoires à Arques (1589) et à Ivry (1590), le roi de France Henri IV finit par se convertir au catholicisme et les Normands renoncèrent à leur tour au protestantisme.

Au XVIIe siècle, forte de son dynamisme maritime, la Normandie participe activement aux Grandes découvertes et au commerce international. Les ports normands deviennent des points de départ pour les explorateurs et colonisateurs français.

En 1604, Samuel de Champlin quitte Honfleur pour fonder l’Acadie de l’autre coté de l’Atlantique et la ville de Québec en 1608.

De 1625 à 1635, Pierre Belain d’Esnambuc, flibustier normand né à Allouville, prend possession de la Guadeloupe, de la Martinique, de Saint-Christophe et de Marie-Galante.

La Guerre reprend avec l’Angleterre en 1689. Le littoral normand est de nouveau le terrain de nouvelles attaques. Les 22 et 23 juillet 1694, Dieppe est bombardée par la flotte anglo-hollandaise. Un incendie détruit une grande partie de la ville. Du 25 au 31 juillet 1694, la ville du Havre se fait bombarder à son tour par l’armée anglaise.


Le 22 décembre 1789, suite à la révolution française, la province nommée Normandie et Perche est divisée en 5 départements : le Calvados, l’Eure, la Manche, l’Orne et la Seine-Inférieure (devenue Seine Maritime en 1955). Le comté du Perche est ajouté au département de l’Orne.

Le 26 février 1790, la France compte 83 départements délimités géographiquement. La décision prend effet le 4 mars suivant.

En 1800, Napoléon Bonaparte met fin à la chouannerie. Il capture le chef des chouans, le comte de Frotté, à Alençon. Ce dernier sera fusillé le 18 février 1800.

L’empereur Napoléon ordonne en 1802 de reprendre les travaux de la grande digue de Cherbourg débutés en 1789. Un chantier titanesque visant à résister à un nouveau débarquement anglais. La digue centrale sera achevée en 1853.

Lors du XIXe siècle, la Normandie devient le berceau de grands écrivains comme Guy de Maupassant (Tourville sur Arques), Gustave Flaubert et Maurice Leblanc (Rouen), Alphonse Allais (Honfleur) et tant d’autres.

La province inspire également le grand peintre Claude Monet qui fait de la Normandie un haut-lieu du mouvement impressionniste, à travers ses toiles du Havre et ses jardins de Giverny, petit village de l’Eure où il s’éteint en 1926.


La Première Guerre Mondiale n’a pas tellement concerné la Normandie, territorialement parlant, mais aux nombreuses victimes de la Guerre s’ajoute une chute du taux de natalité dans la province, qui avait déjà commencée au siècle précédent.

En 1936, les plages normandes deviennent un lieu de développement touristique et économique, avec la création des congés par le Front Populaire. Les français découvrent la Mer.

La Normandie sera particulièrement occupée lors de la Seconde Guerre Mondiale. Véritable théâtre de la reconquête de l’Europe par les Alliés, le territoire normand fut notamment le point de départ de l’Opération Overlord, menée simultanément sur les plages de Calvados et de la Manche. La plus grande opération amphibie de toute l’histoire militaire mondiale. Le 6 juin 1944, 156 000 soldats alliés, américains, britanniques et canadiens foulent le sol normand. Lors de cette intervention militaire de grande ampleur, de nombreuses villes sont dévastées. Évreux, Rouen mais surtout Caen et Le Havre sont les villes les plus touchées par les bombardements.

Devant l’offensive des alliés, les allemands reculent, et la libération se poursuit de villes en villes : Bayeux est libérée le 7 juin 1944, Cherbourg le 1er juillet, Caen le 19 juillet, Alençon le 12 août puis Évreux le 24 août. Il faudra attendre le 30 août 1944 pour que la ville de Rouen soit libérée par les alliés canadiens. Quant à Dieppe, la ville maritime attendra le 1er septembre. Le Havre est la dernière ville normande libérée en date du 12 septembre 1944.


Le 18 janvier 1955 , le département de la Seine-Inférieure devient la Seine-Maritime.

En 1956, la France invente administrativement les régions. La Normandie se retrouve divisée à nouveau en deux parties. Les départements du Calvados, de la Manche et de l’Orne se retrouvent regroupés en Basse-Normandie. L’Eure et la Seine-Maritime forment la Haute-Normandie.

Le 17 décembre 2014, la réunification des deux régions administratives en une unique Normandie est actée pour une entrée en vigueur au 1er janvier 2016.